Aménagement extérieur

Jardin : tentations japonaises au cœur du Lauragais

Au pays des samouraïs, des traditions séculaires se transmettent de génération en génération. Nombre d'entre elles ont fleuri dans les maisons et paysages nippons en exprimant la vision d'un peuple amoureux de la nature. Largement démocratisées, elles font aujourd'hui écho à quelques tendances, fruits d'une importante vulgarisation. N'en déplaise aux puristes, un vent d'orient souffle sur nos espaces verts…

Le jardin japonais est né d'une tradition initiée par les moines jardiniers bouddhistes. Il y règne, comme dans une nature préservée, une harmonie entre l'eau, le végétal et le minéra









 

 

 

 


Le jardin japonais est né d'une tradition initiée par les moines
jardiniers bouddhistes. Il y règne, comme dans une nature préservée, une
harmonie entre l'eau, le végétal et le minéral. crédit photo : fotolia©Michael Shak

Promenade dans un jardin japonais
Pour appréhender ces traditions, il est important de se figurer un jardin japonais ou plutôt les jardins japonais. En réalité, il en existe une multitude, chacun désigné par une dénomination propre. Les plus connus sont le jardin sec (karesansui), le jardin de thé (chaniwa), le jardin promenade (kaiyushiki) ou encore le jardin cour ou patio (tsuboniwa). Pour simplifier à l'extrême la tradition du jardin japonais, il faut comprendre que cet espace traditionnellement de petite taille est en réalité la métaphore d'un paysage. On y retrouve par conséquent le végétal, le minéral et l'eau pour représenter les arbres, collines, rochers, mers ou rivières. Il s'intègre à son environnement en toutes saisons : le minéral prend le dessus en hiver alors que le végétal étoffe sa présence en été. Cet espace privilégié était à l'origine un lieu de méditation pour les prêtres bouddhistes et le symbole de l'harmonie entre l'homme et la nature. Véritable discipline artistique, on y voit en effet l'expression poétique d'une nature précieuse, sa dimension est éminemment spirituelle. Pour autant, il peut simplement constituer un point de départ pour les jardiniers en quête de nouvelles expériences ou souhaitant développer leur créativité. D'autres se contenteront de s'en inspirer ça et là pour satisfaire de purs coups de cœur esthétiques.

La taille japonaise : le fond et la forme
Les origines : c'est avec le bouddhisme arrivé de Chine aux 5ème et 6ème siècles et les notions chinoises de ying et de yang que sont nés les jardins japonais tels qu'on les connaît aujourd'hui. Le bouddhisme zen est quant à lui postérieur (13ème siècle). Les jardins de temple les plus remarquables sont des jardins zen à l'image du jardin sec de Ryöanji à Kyoto. Les jardins de thé, jardins promenade et jardins de patio apparaissent quant à eux au 17ème siècle.
- Bonsaï ou niwaki : quelles différences ? Si le premier terme nous est familier, le second l'est moins. Ils correspondent en réalité à deux méthodes bien distinctes. Avant de désigner un petit arbre, le bonsaï est avant tout un mode de plantation, à savoir, la culture en pot. A l'inverse, le niwaki correspond à une culture en pleine terre. Bonsaï ou niwaki ont pour objectif de représenter l'arbre tel qu'on le trouve à l'état de nature, c'est-à-dire façonné par la végétation alentour, le vent, la pluie...
- Quels arbres ? Tous se prêtent en principe à la taille japonaise sauf les plus élancés comme le cyprès ou le peuplier. Il peut également s'agir d'une essence à feuillage persistant ou caduc, en pot ou en pleine terre.
- Les styles et formes : ils sont multiples et spécifiques selon qu'il s'agit de la taille des troncs, des feuillages ou des branches. Le choix procède de l'effet que l'on souhaite rendre : paysage lointain, arbre isolé à l'aplomb d'une falaise … Les troncs peuvent être simples, jumeaux ou multiples et peuvent être taillés de manière à dessiner des lignes sinueuses ou droites. Branches tortueuses, élancées au-dessus d'un cours d'eau, ou s'inclinant sur une porte d'entrée, là encore la forme donnée peut être multiple. En ce qui concerne les feuillages, ils sont traditionnellement taillés en marches, pleureuses ou encore nuages. La taille en nuages cherche spécifiquement à reproduire des paysages lointains. La taille japonaise est un exercice d'une grande rigueur nécessitant un sens de l'observation aiguisé, de la dextérité et beaucoup de patience.
- Les outils : pour utiliser ces techniques, il est conseillé d'utiliser du matériel de précision spécialement conçu à cet effet. Sécateurs, ciseaux, scies, il existe des gammes spécialisées agréables d'utilisation, légères et ergonomiques, autorisant une taille propre et lisse.

Ambiances japonisantes
La déco de jardin n'est pas en reste en matière d'objets venus d'orient. Très souvent associés au zen, ils créent des atmosphères qui n'en sont souvent que l'expression esthétique. Un peu, beaucoup, à la folie, on peut jouer cette carte à 100% ou procéder par tou-ches éparses. Les sources d'inspiration ne manquent pas, à chacun de les moduler selon ses envies, la superficie disponible et les caractéristiques de cet espace.
Il peut d'abord s'agir de créer ou d'exploiter un point d'eau existant et éventuellement de modifier le tracé de petits cours d'eau qui viendront se jeter dans ce bassin. Tout est ensuite question d'aménagement, les petits ponts et passerelles, selon leur forme et le matériau choisi renforceront le côté zen de l'espace. Alors que le véritable pont japonais est courbe et de couleur rouge, on trouve plus souvent dans nos jardins, de petits ponts en bois, notamment en pin traité, courbes ou plats, avec un enjambement plus ou moins grand, de 180 à 300 cm, équipés de mains courantes et de garde-corps possiblement constitués de rondins de bois. En l'absence de petits ruisseaux, d'aucuns se dirigeront vers la création d'un point d'eau, dans son expression la plus naturelle, celle d'un petit bassin. Son fond et ses pourtours pourront être habillés de galets de rivière pour mettre en avant l'élément minéral et protéger certains éléments d'ornement. Au plan végétal, le bassin est entouré de plantes supportant l'immersion dans l'eau telles que les fougères, les jacinthes d'eau, les myosotis aquatiques, le bambou… Pour parachever l'espace et lui donner une ambiance sonore, pourquoi ne pas créer des jeux de cascades à l'aide de bambous et se laisser bercer par l'apaisante sonorité de l'eau qui court… Pour cela, il est également possible de se tourner vers des fontaines aux accents plus ou moins japonisants. Le tsukubai constitué d'une cuvette en pierre et d'un bambou en guise de conduit d'écoulement permet de rester dans la tradition. Au Japon, cette petite fontaine sert à se rincer les mains et la bouche en signe de purification, en aucun cas à se désaltérer. Certains fabricants proposent des fontaines tout aussi minimalistes en y ajoutant une dimension très design : fontaine anthracite composée de 3 plateaux successifs étagés en polyrésine, fontaine en fibre de verre structurée à partir de deux masses ovales bronze et vert-de-gris superposées l'une à l'autre … A la nuit tombée, certains modèles se transforment même en lampes à huile afin qu'une lueur apaisante se substitue aux joyeux clapotis de l'eau.

    Les éléments d'ornement s'intègrent parfaitement dans le paysage. Ici, une lanterne en pierre traditionnellement utilisée au Japon pour guider les invités vers l’habitation, la maison des thés ou le temple.
Les éléments d'ornement s'intègrent parfaitement dans le paysage. Ici, une lanterne en pierre traditionnellement utilisée au Japon
pour guider les invités vers l'habitation, la maison des thés ou le temple. crédit photo : fotolia©Delphimages

Pour se déplacer entre les différents espaces, on optera pour des petits escaliers en rondins de bois ou de petits sentiers de terre parfois recouverts de minéral. Aux abords, les pierres sont de préférence disposées en nombre impair pour signifier la longévité, une pierre haute positionnée à la verticale, une seconde plus basse également à la verticale et une troisième, plate, à l'horizontale. D'une manière générale, le minéral sera incarné par des paillettes d'ardoise, des galets beiges, du petit gravier blanc, formant si on le souhaite des dessins. Les pas japonais permettront de circuler sur les espaces ainsi aménagés ou indiqueront certains passages.
Les espaces légèrement ombragés, un brin secrets, ac-cueilleront des espaces de repos équipés d'un simple banc en bois ou se prêteront à la création d'un coin détente moins rudimentaire à l'aide de confortables meubles d'extérieur.
Pour aller plus loin dans cette tentation japonisante, on peut disposer ça et là quelques statues de pierre donnant le ton : un bouddha, une grue ou une carpe koï, poisson symbole d'amour et de virilité, deux espèces emblématiques du Japon.
Enfin, pour profiter de belles soirées estivales, le jardin sera illuminé, le long des sentiers ou dans les espaces de détente, de lampions, photophores ou encore lanternes de pierre.

Quels végétaux choisir ?
Les massifs d'un jardin d'inspiration japonaise sont constitués d'une plante basse, d'une plante moyenne et d'une plante haute tout en se gardant d'observer une quelconque symétrie entre les massifs, il s'agit de faire totalement oublier la main de l'homme. Pour les arbres, on trouvera traditionnellement des conifères, notamment le pin, puis des érables du japon ou encore des cerisiers japonais pour ne citer qu'eux. Le bambou est omniprésent et peut aussi bien entrer dans la composition d'un massif que dans la formation d'une haie ou d'un brise-vue. Parmi les graminées ornementales, on se dirigera, outre le bambou, vers le fétuque ou la can-ne de Provence. Légères, fines et souples, ces plantes apportent vie au jardin en s'agitant au gré du vent et en se jouant de la lumière pour créer des reflets subtils. Leurs coloris, or ou doré, se marient parfaitement avec les nuances intervenant à chaque changement de saison dans le feuillage des érables. Certains espaces seront également recouverts de mousse. Côté fleurs, les arbustes ou plantes à fleurs tels que le camélia, l'azalée japonaise, le rhododendron, ou autres selon les propriété du sol, rivaliseront de délicatesse à la belle saison.

La taille japonaise s'illustre par une multitude de styles et de formes. Il s'agit de reproduire le végétal à l'état de nature par exemple un paysage lointain ou un arbre isolé à l'aplomb d'une falaise.
La taille japonaise s'illustre par une multitude de styles et de formes. Il s'agit de reproduire le végétal à l'état de nature
par exemple un paysage lointain ou un arbre isolé à l'aplomb d'une falaise. crédit photo : fotolia©chanelle

Du zen en terrasse ?
Eh bien oui, la zen attitude se cultive également en terrasse ou sur un balcon. Une surface de 3m2 environ suffit, rappelons que les jardins japonais sont traditionnellement petits. Cependant, une fois n'est pas coutume, on va davantage s'inspirer d'une ambiance qu'observer les règles de l'art. On peut par exemple opter pour un massif composé d'un bambou nain, d'un bambou doré au feuillage vert clair, d'un rhododendron, ou encore d'un conifère nain. Ils autorisent une culture en pot et présentent l'avantage d'un feuillage persistant aux multiples nuances.

L'Ikebana, bien plus qu'un art floral - Entretien avec Martine Pantel, créatrice du jardin d'En Galinou, et qui pratique l'ikebana depuis 25 ans.
Couleur Lauragais : Qu'est-ce qui vous a conduit vers cette discipline, si l'on peut nommer l'ikebana ainsi ?
Martine Pantel : "On peut effectivement parler de discipline ou de pratique, car l'ikebana est une longue étude qui demande de s'effacer devant les végétaux, de faire avec eux, de les "écouter" en laissant son ego de côté. Les bouquets sont très vivants (ikebana veut dire faire vivre les fleurs) et varient selon les occasions, le temps, la saison. J'ai toujours aimé les fleurs et le jardin et j'ai découvert l'ikebana alors que je pratiquais l'aïkido. Dans le dojo, il y avait toujours un bouquet dans l'alcôve (tokonoma en japonais) et j'ai abandonné l'aïkido pour l'ikebana dont j'appréciais la sobriété et la subtilité, ainsi que le fait d'utiliser aussi bien des branches que des fleurs et des feuillages, sans qu'ils soient serrés les uns contre les autres. Dans l'ikebana, les bouquets respirent et chaque végétal a sa place."
Couleur Lauragais : Peut-on s'y adonner sans connaissance de la culture japonaise et quelles sont les qualités requises pour l'exercer ?
Martine Pantel : "Il faut être prêt à faire confiance en l'enseignement, être centré, à l'image des personnes qui font du yoga ou du tai-chi-chuan, ce qui peut être une aide au début. Mais la seule vraie nécessité est d'aimer les fleurs et la nature et les respecter. En réalité, il n'y a pas besoin de connaître la culture japonaise pour pratiquer, il y a des règles de base qui permettent d'avancer mais ce sont les corrections du professeur qui petit à petit changent la façon de faire. Il faut comprendre que ce n'est pas intellectuel mais artisanal, en conséquence, les enfants et les personnes âgées qui n'ont rien à prouver s'y sentent vite à l'aise contrairement aux enseignants par exemple peu habitués à étudier de cette façon, sans carnet ni notes."
Couleur Lauragais : Pouvez-vous nous décrire les différentes étapes menant à la création d'un bouquet ?
Martine Pantel : "A chaque cours, le professeur propose un thème de bouquet ; il en existe plusieurs styles, naturel, libre, en ligne, mais le thème est dicté aussi par les végétaux choisis. Le noisetier, les jonquilles et les fougères en style naturel vont par exemple redonner l'impression que l'on a ressentie dans la nature. Des végétaux exotiques appellent un bouquet plus moderne où l'on s'exprimera plus en fonction des formes, des lignes ou des masses. C'est le végétal qui guide le sens du bouquet, en biais s'il est composé de végétaux qui poussent en biais, plus droit avec des végétaux verticaux comme les joncs par exemple. Le professeur fournit les végétaux du bouquet à réaliser, 3 ou 4 variétés, explique le style et quand le bouquet est réalisé apporte une correction qui permet d'aller plus loin, chacun à son niveau."
Couleur Lauragais : Quelles sont les fleurs et végétaux utilisés ou recommandés ?
Martine Pantel : "On peut utiliser de nombreuses plantes : en cours, les végétaux choisis sont pour des bouquets de 70 à 80 cm, pas de pissenlits ni de violettes ! Un élément principal domine, souvent des branches, selon les saisons : feuillages d'automne ou branches à petits fruits en automne, saule à chatons ou noisetier en hiver, branches fleuries au printemps auxquelles on va associer des invités, des fleurs comme les iris, les roses, les lis, les delphiniums, ou toute autre fleur tenant dans l'eau. Pour finir on associe de plus petites fleurs ou des feuillages qui font venir refermer la composition."
Couleur Lauragais : A quelles occasions concevez-vous ces bouquets ?
Martine Pantel : "Toutes les occasions sont bonnes pour faire un bouquet, mais il faut prendre le temps de se poser et d'être à ce que l'on fait. Le jardin, les fossés et les bois sont une source inépuisable de végétaux qu'on prélève en petite quantité. J'ai toujours un ou deux bouquets d'ikebana dans la maison sauf en plein été. Un endroit leur est réservé, une mini alcôve avec un mur sobre et un kakémono, une peinture suspendue de saison. Pour résumer, l'ikebana c'est surtout un grand plaisir de faire le bouquet, et dans la maison le plaisir d'une présence toujours fraîche et renouvelée."

Martine Pantel pratique l'ikebana depuis 25 ans. 5 mn, 1 heure, la réalisation d'un bouquet est fonction de la pratique et tout simplement du temps que l'on se donne
Martine Pantel pratique l'ikebana depuis 25 ans. 5 mn, 1 heure, la réalisation d'un bouquet est fonction de la pratique
et tout simplement du temps que l'on se donne ... crédit photo : collection Martine Pantel

Isabelle Barèges






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