Habitat : à chacun son espace
Qu'il s'agisse d'un habitat traditionnel ou d'une maison neuve, l'espace de vie est amené à évoluer dans le temps. Pour prendre en compte de nouveaux besoins ou un changement d'habitudes de vie, on a le choix entre différentes solutions techniques consistant à casser, à ajouter, à agrandir, à cloisonner, ou encore à surélever. Pour faire le bon choix, il convient d'abord de consulter les professionnels de l'habitat. Dans leur domaine d'expertise, ils préconiseront certaines pistes et en dégageront de nouvelles jusqu'alors ignorées du néophyte.
	Les cloisons en plaque de plâtre sont très couramment utilisées pour redistribuer l'espace au gré des besoins et des envies. crédit photo : Fotolia©olgavolodina

Faire évoluer ses espaces de vie : pour qui, pour quoi ?
A chaque étape de la vie d'un foyer, il est courant de repenser l'aménagement de son habitat. A la naissance d'un enfant par exemple on aura cœur à créer une chambre fonctionnelle qui permette d'accueillir des équipements de puériculture tels qu'un lit bébé, une table à langer, des meubles de rangement... A la naissance d'autres enfants, il s'agira cette fois de réaménager l'espace lorsque cela est possible ou de créer une autre chambre en changeant si besoin la destination d'une pièce. De même lorsque les enfants grandissent, l'on songe à aménager les combles pour donner l'indépendance qu'il réclame à un adolescent ou bien à créer une extension pour aménager une chambre d'amis, désormais occupée par la cadette. La transformation de l'habitat prend alors des allures de jeu de chaises musicales et l'on en finit jamais de redéfinir de nouveaux espaces. Un changement professionnel peut également conduire à réaliser quelques transformations, c'est le cas lorsqu'on crée son activité. Il convient alors d'aménager à la maison un bureau suffisamment isolé des pièces de vie pour ne pas empiéter sur l'espace privé et vice-versa. Lorsque les enfants quittent le nid, c'est la problématique inverse qui se pose. Il ne s'agit plus d'agrandir l'espace mais de le repenser pour soi et de nouveaux usages : aménager la bibliothèque dont on a toujours rêvé, transformer une chambre en salle de jeux pour ses petits-enfants… Si ces divers aménagements pouvaient correspondre à de vrais casse-têtes il y a encore quelques années, ils sont aujourd'hui largement facilités par le recours aux extensions et aux surélévations par exemple. L'essentiel est de garder une ouverture face aux évolutions, pour se sentir bien chez soi et bénéficier d'un espace correspondant à ses besoins du moment. Lorsque ces derniers changent à nouveau, il faut voir ces aménagements comme une réelle opportunité de valoriser son habitat et son potentiel, notamment en cas de projet de vente.

Redistribuer l'espace : quelles options côté cloisons ?

Abattre des cloisons : les conditions requises - Abattre une cloison est la solution la plus évidente pour moduler l'espace. Il peut s'agir de relier deux espaces entre eux, la cuisine et le salon par exemple, ou de créer une pièce plus grande, ou encore de bénéficier de plus de luminosité. Pour autant, cette opération n'est pas anodine et l'on doit s'entourer d'un certain nombre de garanties avant de passer de la théorie à la pratique. D'abord, il est conseillé de solliciter un professionnel qui déterminera la nature du mur, porteur ou pas. Le mur porteur est celui destiné à supporter la charpente et la structure des planchers d'un bâtiment, son épaisseur est généralement supérieure à 15 cm. En principe, on ne peut l'abattre sous peine de menacer la solidité et la longévité de l'ouvrage. Cependant, sa démolition ou son ouverture par un professionnel peuvent être envisagées dans des conditions très strictes. Pour tous les types de projets, il convient également d'identifier les éventuelles installations présentes dans la cloison. Il peut s'agir de plomberie, de conduites de gaz, d'installations électriques notamment. Si c'est le cas, il conviendra de prévoir de déplacer les installations sans perturber le fonctionnement des équipements de chauffage ou autre. Une fois le mur abattu, l'opération nécessite des travaux de rénovation annexes (sol, plafond) qu'il convient de prendre en compte dans le projet global.

Opter pour des cloisons fixes - Si le réaménagement de l'espace s'appuie à l'inverse sur la création d'une cloison, il est essentiel de s'interroger sur les matériaux à privilégier afin de garantir un bon confort, notamment acoustique, à la nouvelle pièce. Dans la catégorie des cloisons de plaques de plâtre, on trouve les cloisons alvéolaires et les cloisons en plaques de plâtre montées sur ossatures. Les premières sont composées de parements en plaques de plâtre habillés de carton. Leurs dimensions sont en général de 2,50 m et 2,70 m de hauteur, de 0,60 m et 1,20 m de largeur et de 50, 60 et 72 mm d'épaisseur. Légère, ce type de cloison permet de ne pas surcharger les planchers. Les cloisons en plaques de plâtre sur ossatures sont quant à elles réalisées à l'aide de plaques de plâtre et de profils, rails et montants, en acier galvanisé. Il existe des plaques standards, mais également des plaques hydrofuges qui garantissent l'étanchéité des pièces humides ou encore à forte densité pour une meilleure acoustique. Chaque plaque bénéficie d'un code spécifique composé de lettres et d'un nombre : BA signifie « bords longitudinaux amincis » pour permettre la dissimulation des joints, le chiffre qui suit désignant son épaisseur à l'exception de la norme BA13, dont l'épaisseur est en réalité de 12,5 mm. Pour information, certaines plaques sont à bords arrondis (SB) ou à bords ronds amincis avec ou sans pose de bande (BRA). En dehors des plaques de plâtre, on peut envisager une cloison fixe en béton cellulaire. Conditionnée sous forme de brique ou de carreaux, elle se compose d'un mélange compact de sable, de ciment, de chaux et d'eau. Le béton cellulaire bénéficie d'une bonne isolation thermique et acoustique et peut être privilégié par certains professionnels.

Les bons points des cloisons mobiles - Coulissantes ou amovibles, elles offrent une souplesse d'aménagement inégalée et autorisent encore plus de fantaisie dans la modulation de l'espace. Dans cette catégorie, la cloison japonaise amovible ou sur rail peut être une solution intéressante entre un séjour et une cuisine ou, dans une chambre, entre un dressing et l'espace lit. La cloison en lames orientables se joue quant à elle des ombres et des lumières. Il suffit de faire pivoter les lames pour une intimité complète et à l'inverse, de les ouvrir pour laisser passer la lumière et décloisonner l'espace en un seul geste. L'équipement peut être intéressant pour délimiter un coin bureau dans un salon par exemple.

Les alternatives aux cloisons traditionnelles
Il existe de nombreuses solutions toutes aussi attrayantes les unes que les autres pour délimiter deux pièces ou de petits espaces dans une même pièce. Les fabricants proposent une multitude de concepts et de matières qui apportent, en plus de leur fonction première, une touche résolument déco aux intérieurs. Pour aménager une chambre, on pourra par exemple opter pour une cloison brise-vue avec porte pivotante. La structure, légère et en fibres naturelles, laisse passer la lumière et apporte un petit air de vacances. Pour plus de légèreté encore, un simple voilage peut apporter en sus un certain raffinement. Dans la salle de bains, une cloison coulissante opaque permettra de donner plus d'intimité à l'espace douche et bain. Plus courant en extérieur, le claustra présente également de nombreux avantages. Ajouré, il laisse passer la lumière et est disponible dans toutes les dimensions, y compris sous la forme de panneaux. Enfin, en lieu et place des cloisons classiques, on peut opter pour une verrière, tant dans les intérieurs contemporains que traditionnels. Cet équipement se module aujourd'hui en divers coloris et formats pour apporter des solutions sur mesure. Equipée d'une porte, elle sépare une cuisine et un séjour, un salon et un bureau. En paravent, elle se glisse partout pour préciser les usages de certains espaces réduits, entre un couloir et un coin séjour par exemple. Scindée en deux et posée sur un bar, elle délimite l'espace cuisine sans cloisonner, de même dans une chambre parentale pour séparer coin nuit et salle d'eau. Très à la mode, les verrières n'en restent pas moins des ouvrages techniques requérant l'intervention de professionnels. En dépit de leur style industriel, elles trouveront leur place dans tous les intérieurs et apporteront un charme qui n'appartient qu'à elles. Pour autant, la cloison se réinvente et on peut aussi jouer sur le mobilier pour délimiter deux espaces. Dans la chambre, un meuble de rangement faisant également office de tête de lit délimitera le coin nuit d'une salle d'eau, dans un salon, un meuble bibliothèque scindera habilement l'espace entre le séjour et un espace jeux pour les enfants.

Changer la destination d'une pièce - L'exercice demande un peu d'imagination. Pourtant pour gagner en surface habitable, il n'est pas rare de rénover ou de réaménager entièrement une pièce. D'une manière générale, en cas de changement de destination, on prendra soin de consulter le Plan Local d'Urbanisme de sa commune pour vérifier les contraintes spécifiques pesant sur la création de nouvelles pièces à vivre.

Convertir un garage en bureau ou en chambre d'amis - Ce changement de destination peut modifier la surface habitable de la maison. En conséquence, il convient de respecter certaines formalités. En dessous de 5 m2, sans modification de l'aspect extérieur du garage, il n'y a aucune démarche à effectuer. En revanche, si les travaux portent sur une surface supérieure à 5 m2 et qu'ils prévoient un changement de façade, il convient de faire une déclaration préalable de travaux. Pour une surface supérieure à 20 m2, un permis de construire sera nécessaire et si la surface plancher de l'habitation est au-delà de 170 m² avec le bureau, c'est le recours à un architecte qui s'impose. Sachez également que certaines collectivités imposent à chaque maison individuelle, dans leur PLU, une place de stationnement couverte et une place en extérieur. Dans ce cas, pour convertir un garage, il faudra en parallèle prévoir d'aménager un abri de voiture. Côté travaux, des aménagements conséquents sont à prévoir pour ventiler l'espace, y installer un chauffage et raccorder la pièce au réseau électrique. Pour préserver l'intimité, on pourra remplacer une porte battante par une baie vitrée équipée de stores. Afin de compléter ce nouvel espace, on n'hésitera pas non plus à l'ouvrir sur une terrasse qui achèvera définitivement le changement de destination.

Aménager une cuisine d'été sous un appentis - Une fois les beaux jours revenus, le besoin de profiter de son extérieur s'impose, notamment à l'heure de l'apéritif et des repas ! Pour aménager une cuisine d'été, il faut d'abord choisir un emplacement susceptible d'être alimenté en eau ou en électricité. Situé dans le prolongement de la maison, l'appentis fera figure de favori. Indépendant mais proche des commodités, il présente de réels atouts, notamment sa toiture qui permet de protéger l'espace en basse saison ou d'offrir un ombrage aux heures les plus chaudes de la période estivale. En terme d'espace, pour une cuisine extérieure fonctionnelle et confortable, on recommande une surface minimale de 25 m2.

Opter pour une cuisine américaine - Si elle fait toujours fureur dans nos intérieurs, c'est parce qu'elle rivalise d'ingéniosité et de convivialité. La cuisine américaine ouverte ou semi-ouverte permet de décloisonner l'espace en associant coin cuisine et coin séjour. Pratique, son bar, situé à mi-chemin des deux espaces est une alternative intéressante pour les repas pris sur le pouce ou les apéritifs dînatoires. Pour créer cet espace, il conviendra, avant de casser la cloison, de s'assurer qu'il ne s'agit pas d'un mur porteur. Pour gagner en luminosité tout en conservant deux espaces distincts, on optera plutôt pour une verrière.

Aménager des combles - Ce projet ambitieux se prête à tous les besoins : chambre d'amis, suite parentale, salle de jeux, home cinéma, bureau… Selon la catégorie de travaux envisagée, il conviendra de procéder à une déclaration de travaux ou à une demande de permis de construire. Une nouvelle fois, si les travaux portent à plus de 170 m2 la surface habitable, le recours à un architecte d'impose. Pour bénéficier d'un bon confort, l'inclinaison du toit doit être au maximum de 35°. En deçà, il conviendra de la modifier et donc de prévoir des travaux plus lourds. En raison de son emplacement, c'est l'isolation du lieu qu'il conviendra d'étudier à l'aide d'un professionnel afin d'atteindre les meilleures performances de confort thermique. Grâce à de nouvelles solutions de fenêtres de toit, plus grandes et très fonctionnelles, on pourra aménager un espace lumineux, agréable à vivre.

Surélévation : un projet tendance
L'opération change l'aspect de l'habitat autant qu'elle en augmente la surface et le confort. Elle est idéale pour ceux qui souhaitent bénéficier d'une surface supplémentaire conséquente.

Les conditions requises - La surélévation est une opération ambitieuse qui nécessite obligatoirement le recours aux professionnels du secteur. Ces experts vont d'abord réaliser une étude structure afin de déterminer si le bâtiment existant peut supporter le poids de l'extension. Elle s'appuie sur une analyse de la nature des sols nécessitant en principe des sondages et visant à déterminer la présence d'un sol porteur. Puis l'expert étudie la structure du bâtiment pour établir une note de calcul sur la capacité porteuse de l'édifice. Selon les résultats, il peut préconiser en amont des travaux de renforts. Pour édifier la surélévation, on optera ensuite pour les solutions techniques garantissant le plus de légèreté possible.

Les différentes catégories de surélévation - En fonction des résultats de l'étude préalable et des parti-pris esthétiques choisis par les propriétaires, le professionnel peut recommander plusieurs matériaux. A condition que les murs soient suffisamment solides, une construction en maçonnerie traditionnelle est envisageable, de même qu'en béton cellulaire, plus léger et performant en matière d'isolation. On peut également opter pour une ossature métallique, légère et performante mais c'est souvent l'ossature bois qui est privilégiée pour des raisons techniques et esthétiques. Les éléments en bois sont pré-assemblés et pèsent moins que les solutions traditionnelles. Leur montage est également rapide et la performance phonique et thermique du bois, reconnue. Au plan architectural, les surélévations en ossature bois apportent, grâce à la noblesse du matériau, un certain cachet à la bâtisse d'origine qui peut être moderne comme traditionnelle.

Quelle réglementation ? Il convient de consulter de près le PLU de sa commune, notamment les règles de gabarit (hauteurs, emprise des construction et espaces minimum à respecter entre les bâtiments) et les règles de densité (essentiellement le Coefficient d'Occupation des Sols - COS). Selon la surface, il conviendra également de procéder à une déclaration de travaux, au dépôt d'un permis de construire ou de recourir à un architecte. On devra aussi vérifier la faisabilité du projet en fonction de la hauteur limite autorisée. Naturellement, l'opération est soumise au Code de la Construction et de l'Habitation en matière de réglementation thermique, d'isolement acoustique, de prévention contre les risques naturels ou technologiques, d'obligation du renouvellement d'air ou encore de conformité et sécurité des installations électriques.

Miser sur l'insolite
Pour soi ou pour les autres, les habitats insolites n'en finissent pas d'inspirer leur propriétaire. Dans le Lauragais, la réhabilitation de moulin a par exemple donné lieu à l'aménagement de gîte ou de chambres d'hôtes. Ce petit habitat au charme incomparable offre en effet une expérience unique aux hôtes de passage en les plongeant au cœur de l'histoire de notre territoire. Dans la même veine, l'aménagement de pigeonnier en confortable maison d'amis permet de prendre de la hauteur tout en préservant un patrimoine précieux. Ceux qui ont le pied marin opteront plutôt pour une péniche afin de voguer entre amis ou en famille au fil de l'eau. Toutes ces rénovations nécessitent de faire appel à des professionnels afin de respecter l'esprit des lieux en offrant toutes les commodités attendues.

Isabelle Barèges