Le chemin d'accès pas à pas
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Le chemin d'accès est indispensable pour faciliter la circulation, finaliser son projet d'aménagement et valoriser l'environnement proche. Pour réaliser un ouvrage dans des conditions optimales, il faudra tenir compte du cadre réglementaire et des multiples possibilités offertes par les professionnels. Chemin carrossable, sans terrassement, végétalisé, chacun mettra le curseur là où il le souhaite selon l'espace disponible, l'usage de la voie et des considérations plus esthétiques. Dans tous les cas, il conviendra de miser sur un ouvrage bénéficiant d'une bonne longévité dans le temps. |
Dans les lotissements, les normes applicables et prescrites
dans les POS ou PLU des communes divergent des règles en vigueur
sur parcelle privative et individuelle. crédit photo : Fotolia© patleem
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Un cadre très local
Dans le cadre d'un lotissement, le chemin d'accès à la résidence est réalisé par le lotisseur. En revanche, pour les propriétaires d'un terrain privé, certaines normes s'imposent et il faut pour les connaître se référer aux règles d'urbanisme en vigueur sur la commune de résidence (POS ou PLU). Il peut également être utile de solliciter l'avis du service départemental d'incendie et de secours (SDIS) pour s'assurer que l'habitation sera accessible en cas d'incendie.
Les professionnels du secteur
Ils peuvent être nombreux à intervenir sur ce type de chantier, obligatoirement confié à des spécialistes. Il s'agit en principe d'une entreprise de terrassement bénéficiant de multiples compétences dont celles d'un terrassier et d'un conducteur d'engin de terrassement, spécialiste manœuvrant les engins dédiés au creusement, au terrassement, au nivellement du terrain ou à l'extraction de terre et roche. Les travaux peuvent également être réalisés par des entreprises générales du bâtiment bénéficiant des mêmes compétences. Ce type d'ouvrage requiert une expertise pointue, des compétences très techniques et des équipements professionnels, les artisans et spécialistes du secteur s'avèrent donc incontournables.
Les conditions d'ouverture à la "circulation générale"
Un chemin d'accès privé peut être dans certaines conditions considéré comme "ouvert à la circulation générale". L'article R.7 du code de la route considère en effet que "si la voie est carrossable (bitumée, empierrée ou de terre mais bien entretenue), elle est présumée ouverte à la circulation publique". Cependant, la présomption tombe si le propriétaire implante une "barrière, des plots ou un panneau" signifiant qu'il s'agit d'une propriété privée, de type "voie privée, passage interdit".
Quelles dimensions ?
A titre d'exemples, les PLU de nombreuses communes du Lauragais réglementent le chemin d'accès et prévoient une largeur minimale, variable selon la zone :
• PLU de Castelnaudary : 3,50 m sur une propriété privée / 8,50 m sur un lotissement
• PLU de Revel : 4 m sur une propriété privée et en lotissement
• PLU de Sorèze : 3,50 m sur une propriété privée / 8,50 m sur un lotissement
• POS de Villefranche de Lauragais : La réglementation diffère selon les zones
Pour ce qui est de la hauteur du chemin d'accès, elle doit également être suffisante pour permettre la circulation d'engins de chantier ou bien de secours.
Topographie : à chacun son chemin
Selon la topographie du terrain, les professionnels formuleront un certain nombre de recommandations pour déterminer le type d'ouvrage à mettre en œuvre. Il s'agit de permettre un confort d'utilisation tout en assurant la solidité, la sécurité et la longévité de la voie. Sur une surface plane, toutes les configurations sont possibles, il s'agira principalement d'un choix à la fois pratique et esthétique. En revanche une étude préalable sera indispensable en cas de forte pente. En principe, on considère qu'une pente de 5 % est un maximum pour une allée carrossable même si nombre de descentes de garage dépassent cette limite. D'une manière générale, le tracé est dicté par tous les paramètres en présence (nature du sol, écoulement des eaux…).
Les chemins d'accès piétons peuvent habilement composer des allées à la fois design et fonctionnelles.
Ici, l'allée pavée est complétée par des aires gravillonnées et végétalisées. crédit photo : Fotolia© Fotolyse
Les principales étapes de réalisation
La création d'une voie d'accès carrossable nécessite le respect de plusieurs étapes de réalisation :
1) la phase d'étude
L'analyse du terrain est un prérequis à tous les travaux de voierie. Elle dicte la nature des matériaux à mettre en œuvre ainsi que le choix de la profondeur du terrassement en fonction des charges admissibles. C'est à son terme que le professionnel déterminera également le type de drainage choisi (canalisations, regards, drain) et définira les pentes pour l'évacuation des eaux.
2) la préparation du terrain
Il débute par un piquetage de la zone à décaper consistant en un martelage du terrain pour faire apparaître le tracé du chemin. Il se poursuit avec le décapage de la terre, éventuellement stockée pour être réemployée et le décaissement, dont la profondeur est fonction de la nature du chemin d'accès et de son revêtement (entre 25 à 50 cm). Cette étape est parfois complétée par la pose d'un film géotextile, feutre servant de tampon entre la terre et le concassé, afin d'éviter la pousse des mauvaises herbes et sur le long terme les affaissements surtout lorsqu'on est en présen-ce d'un sol argileux.
3) la pose du revêtement
Les professionnels peuvent opter pour le dépôt d'une sous-couche de sable ou de graves calcaires de dimensions importantes, compactées, en plusieurs couches de 10 cm d'épaisseur et une dernière couche de graves fines. En terme de finitions, on peut opter pour de multiples revêtements, des bordures pourront compléter l'ouvrage.
Les allées pavées offrent de multiples choix en termes de coloris et de décors. On se joue de la perspective et on crée du mouvement en s'appuyant sur un revêtement qui demeure chaleureux. crédit photo :Fotolia© Photographee.eu
Les finitions & revêtements
Côté matériaux, le choix portera sur le gravier, les cailloux, les galets, les dalles, le béton ou encore l'asphalte. Le choix va s'opérer en fonction de considérations pratiques mais également esthétiques.
• La pose d'une allée gravillonnée va nécessiter au préalable la pose d'une sous-couche damée de tout-venant, et d'un film géo textile ou s'appuyer sur deux lits de graviers, un premier de gravier concassé épais (0 à 31,5 mm de diamètre) puis un second de gravier fin (0 à 17 mm de diamètre) assurant le drainage des eaux. On ne recommande pas ce type de revêtement dans les allées en pente. Le gravier sert généralement de couche de finition pour nombre de zones de circulation dans l'habitat privatif, il peut cependant manquer de confort. En conséquence, le recours au gravier stabilisé peut présenter des avantages certains. Dans ce cas, le matériau est endurci sans l'aide de colle ou de résine mais grâce à une technique s'appuyant sur des stabilisateurs. Moins volatile, il conserve toutes ses propriétés notamment ses facultés de drainage. Grâce à de nombreux coloris, il garde également tout son intérêt côté déco.
• Plusieurs catégories de béton peuvent se prêter à la réalisation d'une voie d'accès. D'abord le béton désactivé, mélange de graviers de couleurs et de formes esthétiques. Une fois la chape coulée, on applique un produit chimique à la surface de la chape visant à désactiver le ciment. Après un temps de pose, la pellicule de ciment désactivé est retirée et laisse apparaître les graviers. Le rendu est esthétique et s'apparente à des dalles gravillonnées. Possiblement glissant par temps de pluie, le béton désactivé est également à éviter dans les allées en pente. Ensuite, il existe le béton standard ou coloré (rose, rouge, orange ou vert), ce dernier offrant une alternative purement esthétique.
• Très courus, les pavés autobloquants offrent une alternative au goudronnage et au gravillonnage. Ces pavés sont en terre cuite, en céramique ou en béton et présentent une facilité de pose en raison de leur faculté d'emboîtement. Pour information, le degré d'autoblocage dépendra notamment de la forme et de l'épaisseur du pavé et du motif de pose. Ainsi, le motif en chevron est l'un des plus efficaces pour augmenter l'effet d'autoblocage. Très rugueux, les pavés autobloquants sont plus couramment utilisés dans les fortes pentes. Leur pose se fait en principe sur lit de sable mais elle peut être envisagée sur lit de béton afin d'assurer plus de stabilité dans le temps. Si l'allée pavée a un charme éternel, elle permet aussi de s'autoriser quelques fantaisies en matière de dessin et de décors. Posés en décalé, les pavés offrent une perspective plus profonde. Côté coloris, on optera pour une teinte en harmonie avec la couleur du parement de la maison. Dans tous les cas, les pavés présentent l'avantage d'être disponibles en de multiples teintes et formes et se prêtent à la création de nombreuses fantaisies, à géométries variables.
• L'asphalte, c'est un mélange de bitume, de sable et de gravillons, posé en couche de 25 à 30 cm d'épaisseur pour une allée carrossable. Ce revêtement présente de nombreux atouts, à savoir une étanchéité parfaite et une finition lisse et antidérapante. Il est également d'un entretien très simple et d'une bonne longévité puisqu'il empêche le développement des mousses.
• Le bitume, cité ci-dessus, est un produit à base de pétrole, désormais disponible en de multiples couleurs selon la dimension déco que l'on souhaite donner à l'aménagement (rouge, vert, noir, gris …). A partir du bitume, on fabrique les deux revêtements les plus couramment utilisés, à savoir l'enrobé et le bicouche.
Le premier est un tapis de bitume de 1 à 12 cm d'épaisseur alors que le second se compose d'une couche de graviers aspergée d'émulsion de bitume et recouverte par des graviers plus petits. Le bicouche a une durée de vie moins élevée que l'enrobé. Certains de ces revêtements sont perméables, ce sont des enrobés drainants qui ont pour avantage de laisser s'évacuer l'eau de pluie en évitant ainsi le calcul d'une pente et autres dispositifs d'évacuation. Ces innovations permettent d'éviter les flaques et les fissures en augmentant la longévité de l'ouvrage. Autre possibilité, les revêtements minéraux, fabriqués à partir de composants naturels. Imperméables, ils sont élaborés à l'aide d'un procédé dit de « cristallisation », à partir d'un matériau à base argileuse, du sel à faible dose et de l'eau. Une fois posé, le sol est complété d'un gravillon libre en surface. Ces nouveaux revêtements offrent un compromis entre l'asphalte et le gravillonnage traditionnel.
Pour un habitat contemporain, le béton épousera harmonieusement la façade
et renforcera une atmosphère volontiers épurée. crédit photo : Fotolia© zstock
Le terrassement : en option ?
Si le terrassement est considéré comme indispensable afin que l'allée dure dans le temps, il n'en demeure pas moins optionnel compte tenu de nouvelles solutions techniques. Pour cela on peut en effet avoir recours à des dalles en polypropylène, matériau non polluant et recyclable, également appelées dalles en nid d'abeille en raison de leur forme hexagonale. Avec une durée de vie supérieure à 10 ans, elles servent de fondation autoportante et pourront être empierrées à l'aide de dalles ou de gravier, ou végétalisées sur une épaisseur de 4 à 5 cm. Pour cela, il faut bien-sûr bénéficier d'un terrain exceptionnel, à la surface plane qui sera égalisé et recevra en amont un géotextile. La fonction première des dalles en nid d'abeille est de stabiliser le gravier ou le gazon et ainsi d'éviter que les matériaux ne bougent en surface. En pratique, ces dalles peuvent avoir plusieurs dimensions : 80x40 cm, 80x120 cm et au-delà. Composées d'alvéoles hexagonales très rigides, elles se doublent d'un film géotextile intégré et soudé qui permet à l'eau de s'écouler et évite la montée des mauvaises herbes.
Un point sur l'évacuation des eaux
Pour faciliter l'évacuation des eaux de pluie vers un caniveau ou vers le réseau d'évacuation de l'habitation, il faudra prévoir une pente d'au moins 2,5% sur la hauteur et de 2% dans la largeur (profil bombé). En matière d'assainissement, l'entreprise peut procéder à un terrassement afin de poser des drains raccordés au réseau des eaux usées. Autre technique utilisée : la pose de filtres à sable verticaux. Ce point est essentiel car il dépend des solutions d'assainissement choisis en amont, ou à mettre en œuvre. Cela aura des incidences sur le tracé du chemin et les matériaux choisis. Dans tous les cas, l'assainissement doit être anticipé en amont de l'aménagement et nécessite une expertise des professionnels sollicités pour réaliser l'ouvrage.
L'enrochement, une solution très technique
C'est certainement l'une des solutions techniques les plus spectaculaires. Elle consiste à apporter de la matière, à savoir des pierres visant à soutenir l'ouvrage. En fonction de la topographie du terrain, la création du chemin d'accès peut en effet nécessiter la réalisation d'un mur de soutènement. Selon les professionnels, les blocs peuvent provenir de la propriété ou être extraits sur une carrière et taillés afin d'obtenir une surface plane facilitant la pose.
La végétation idéale
Pour des raisons esthétiques, le chemin d'accès peut être bordé de végétation, arbustes ou plantes. De manière générale, il est conseillé de privilégier les petits arbustes et les plantes vivaces, qu'elles soient tapissantes ou buissonnantes, de préférence au feuillage décoratif ou à la floraison longue. Dans le sud de la France, les allées sont souvent partiellement ornées de géraniums, lavandes, rosiers, lauriers ou encore gauras. Si l'on est plutôt tenté par des arbustes, on évitera les feuillus caduques pour des raisons évidentes d'entretien et on privilégiera plutôt les arbustes persistants. Pour une allée classique, on peut par exemple opter pour des buis taillés en boule ou en plateau. Dans tous les cas, on choisira une végétation qui supporte l'ensoleillement si l'allée bénéficie de ce type d'exposition. Pour un projet plus sophistiqué, le regard d'un jardinier-paysagiste sera un vrai plus.
Ah ! le charme éternel de l'allée bordée d'arbres centenaires ! De nos jours, pour des raisons évidentes d'entretien, on privilégiera les allées composées d'arbustes et de plantes vivaces. crédit photo : Fotolia© sharpness71
Quel éclairage ?
Pour un chemin d'accès, on peut opter pour plusieurs solutions d'éclairage. D'abord des spots, positionnés au ras-du-sol, leur lumière est discrète mais suffisante pour tracer le chemin. Leur version sur pied est orientable au besoin. On trouve ensuite des bornes et balises plantées en terre projetant une lumière à faible hauteur. Enfin, on peut opter pour des lampadaires situés de part et d'autre du chemin, à distance régulière, suivant le tracé. Certains éclairages extérieurs peuvent être équipés de détecteurs de mouvement très utiles sur une voie d'accès grâce à un éclairage momentané et automatique. Pour rappel, ces équipements extérieurs répondent à des règles très strictes en matière de sécurité et doivent posséder un indice de protection (IP). Cet indice atteste de leur conformité à une installation permanente en milieu humide. Avec un indice IP 23, l'éclairage est protégé contre l'eau de pluie jusqu'à 60° à la verticale, un indice IP 44, contre les projections d'eau en tous sens et avec un indice IP 54, contre les poussières et projections d'eau en tous sens. Enfin, l'indice IP 64, niveau de protection maximum, atteste que l'éclairage est étanche à la poussière et protégé contre les projections d'eau en tous sens.
Et l'allée piétonne dans tout ça ?
Elle peut compléter utilement le chemin d'accès carrossable en menant à la porte d'entrée et/ou à d'autres espaces de la propriété : le jardin, une piscine, un abri de jardin… Sa largeur moyenne est de 80 cm à 1,20 m selon les usages qu'on lui attribue. Il faudra miser sur une bonne largeur afin de circuler sur cette voie munie d'équipement de jardinage (brouette, tondeuse...). Afin que cette allée dure dans le temps, il peut prévoir une fondation d'une dizaine de centimètres qui sera comblée à l'aide de graviers concassés puis d'une couche de surface en sable ou gravillons fins. Lorsque l'allée est légèrement pentue, il faudra impérativement prévoir des rigoles latérales afin de faciliter l'évacuation des eaux de pluie. Tracé, structure et matériaux, encore une fois, les possibilités sont multiples, notamment pour ce qui est des revêtements accessibles. Parmi les plus classiques, on trouve donc le gravier, les pavés autobloquants, le béton désactivé ou encore le carrelage. Plus insolites, les dalles en teck s'intégreront parfaitement à certains espaces extérieurs, entre la terrasse et le jardin ou la piscine. Très esthétiques, elles demandent un entretien plus important et diffusent une ambiance zen, assurément.
Plus classique, le chemin piéton empierré ou carrelé a également son charme, notamment lorsqu'on privilégie
l'aménagement de petits espaces d'inspiration zen, très fournis en végétaux. crédit photo : Fotolia© Elenathewise
L'importance des bordures
La création d'allées, qu'elles soient piétonnes ou carrossables, s'accompagne inévitablement de l'aménagement de bordures. Leur utilité tient à ce qu'elles retiennent les graviers et évitent le débordement du gazon. Mais elles ont également un rôle esthétique à jouer en permettant de créer des perspectives ou de souligner un aménagement. Les bordures peuvent être aménagées à partir de vieilles pierres ou des briques anciennes pour un style authentique. Il est également possible d'avoir recours aux bordures en bois traité qui ont cependant une durée de vie plus limitée. Pour épouser le tracé des allées, on optera pour des bordures en béton moulé et teinté dans la masse. Ces produits bénéficient d'une large gamme de couleurs et de décors et peuvent être complétés, dans la structure par un tube lumineux afin d'apporter une solution d'éclairage discrète et efficace. Il existe également des bordures en béton végétalisables qui facilitent l'apport de végétation aux côtés de ces matériaux considérés comme froids. Elles peuvent accueillir des fleurs, des plantes vivaces ou aromatiques.
Isabelle Barèges