Décoration

Du sol au plafond : le charme des vieux matériaux Les maisons anciennes ont été bâties avec des matériaux nobles : pierre, brique et bois. Dans les pièces à vivre, comme le salon, la salle à manger ou même la cuisine, il peut être intéressant d'utiliser ces matériaux comme éléments de décoration. Une seule directive dans ce cas : laisser libre cours à son imagination. Les seules contraintes sont celles dictées par l'état général des matériaux et l'inspiration des occupants de la bâtisse.

Murs de pierre et de briques

Laisser apparents les éléments constitutifs des murs d'une maison est très récent ; à l'origine, les habitants des maisons masquaient les briques et les pierres. Même dans les plus modestes maisons de campagne, les murs étaient blanchis, pour que l'habitation soit plus claire et plus facile à entretenir. Les parois n'étaient pas rigoureusement planes et verticales, et bien souvent, un maigre enduit, laissant apparaître le relief des briques ou des pierres, protégeait la maçonnerie.

Aujourd'hui, dans une vieille maison que l'on rénove, on peut sans trahir l'histoire, ni son propre confort, choisir de laisser tout ou partie des murs intérieurs dans leur état originel.

Si les briques sont en très mauvais état sur une partie du mur, autant les masquer par un enduit, en ne laissant apparaître que la zone où la brique n'a pas trop subi les outrages du temps. Pour un mur où les matériaux sont utilisés pêle-mêle, on peut choisir de ne laisser visibles que les plus belles pierres, ou un alignement de galets, ou encore un ancien encadrement de porte... Exploiter les caractéristiques et les originalités de chaque mur en laissant toute liberté à sa propre créativité est la meilleure façon de faire cohabiter l'identité de la maison, de laisser parler son histoire, et de marquer de sa propre empreinte ce lieu dans lequel on a choisi de vivre.
Le plus souvent, il est difficile de laisser tous les murs d'une pièce dans leur état d'origine ; la plupart du temps, les cloisons intérieures ont été bâties bien après les murs porteurs, à l'aide de briques industrielles ou de plaques de plâtre. Même si les séparations intérieures sont anciennes, elles sont généralement constituées de matériaux peu esthétiques. Un simple enduit peint ou tapissé s'accordera parfaitement avec la rusticité d'un mur porteur qu'on aura laissé brut, ou dont on aura choisi de mettre en valeur les plus beaux éléments. Les encadrements de portes et fenêtres en bois ou en pierre de taille, seront mis en valeur même si le mur dans lequel ils sont percés est uniformément peint ou crépi dans une couleur claire.

Il est possible de créer un aspect "rustique" grâce à des enduits projetés, composés de terres naturelles et de paille. Crédit photo : R. ARNAUD

D'anciens placards ou étagères peuvent avoir laissé leur trace dans le mur, où on peut alors utiliser renfoncements, creux et niches pour en faire des éléments décoratifs.

Le principal inconvénient des pierres et briques, à l'intérieur d'une maison, réside dans la difficulté de leur entretien. Des murs "bruts" sont d'ailleurs de véritables usines à poussière, et risquent de sentir mauvais lorsque le climat est humide... Pour pallier ces désagréments, il est possible d'appliquer des résines, totalement incolores, qui n'altèrent pas l'aspect du matériau sur lequel elles sont appliquées et le laissent respirer. Il ne faut pas hésiter à les utiliser : les avantages qu'elles apportent en termes d'hygiène et de confort sont indéniables. Les maçons, plâtriers et peintres sont les plus aptes à vous aider dans la restauration de vos murs. Ils connaissent les "fautes de goût" à éviter, ils ont un coup d’œil infaillible acquis au fil des chantiers de restauration qu’ils ont précédemment mené à bien, et ils connaissent toutes les techniques permettant de conserver son aspect rustique à une maison, tout en tenant compte des exigences actuelles en termes de confort et de sécurité.

Plafonds rustiques

Si l'on a la chance d'avoir un plafond rustique, dont les poutres sont apparentes, il serait dommage de le cacher. À lui seul, le plafond suffit souvent à donner un véritable caractère à n'importe quelle pièce. Mais comme pour les murs, il n'existe aucune règle absolue, et la meilleure chose à faire est de laisser toute liberté à ses goûts et à ses envies. Si l'on aime les ambiances claires, on peut peindre en blanc le plafond entre les poutres qu'on laissera naturelles ; on peut même peindre les poutres, en blanc, ou ton sur ton, ou même avec une couleur contrastée. Tout est possible, le volume et le rythme des poutres n'étant qu'un support à l'imagination...

Il convient cependant de veiller, même si on choisit de leur laisser leur aspect naturel, à ce que les poutres soient saines et exemptes de parasites et insectes xylophages. Un traitement par injection, réalisé par un professionnel, est la seule garantie sérieuse contre une attaque par les insectes, qui risque de mettre sérieusement en péril l'intégrité de la construction, et la sécurité de ses occupants. Le traitement doit être effectué avant toute autre opération sur les poutres, qu'il s'agisse de peinture, d'application de vernis, voire de dissimulation par un faux plafond.

Sols authentiques

Même dans une maison ancienne, il est aujourd'hui difficile de laisser les sols d'origine... Le mobilier ne supporte pas les différences de niveaux, et la maîtresse de maison, même si elle est habitée par la passion des vieilles pierres, ne tolérera pas de devoir s'échiner quotidiennement sur un sol bosselé, aux joints béants dans lesquels s'engouffre la poussière. Deux alternatives se présentent lors de la restauration d'une maison ancienne : refaire intégralement les sols, en choisissant parmi les nombreux matériaux disponibles ceux qui s'harmoniseront avec le reste de la maison, ou, lorsque cela est possible, restaurer les sols d'origine et leur appliquer un traitement qui prolongera leur durée de vie.

Dans le cas d'un vieux parquet, réalisé le plus souvent en chêne, pourquoi ne pas le poncer pour lui donner une deuxième vie ? Un menuisier pourra réaliser cette opération, remplacer les lames trop abîmées, boucher les joints et appliquer un produit vitrifiant. Le résultat esthétique est garanti. Si le parquet est irrécupérable, reste la solution de le remplacer par un autre vrai parquet, composé de lames sciées dans le bois massif posées sur des linteaux. À l'ancienne. L'opération n'est pas plus coûteuse que la pose d'un parquet pré-collé en usine, dont l'aspect peut sembler incongru dans une demeure ancienne, et qui n'aura jamais la même longévité.

Le cas des carrelages est plus délicat ; souvent, le vieux carrelage est taché, sali, cassé... Si l'on estime néanmoins qu'il vaut la peine d'être conservé, on peut demander à un artisan carreleur de refaire les joints, et de réparer les dégâts causés par le temps et l'usure. Il dispose de matériaux et de techniques qui lui permettent de faire des merveilles ; avec un peu de chance, il est peut-être possible de trouver, dans les bâtiments alentour, des carreaux qui ne seront peut-être pas identiques à ceux du carrelage à restaurer, mais qui pourront s'y intégrer en toute harmonie.
Le plus souvent, les vieux carrelages sont poreux ; ils sont exténuants à entretenir, et les taches sont irrémédiables. Là encore, des résines vitrifiantes, incolores et très résistantes, permettent d'imperméabiliser le sol sans nuire à son aspect.

Un carrelage neuf d'aspect rustique s'associe parfaitement à un vieux mur de pierre. Crédit photo : Couleur Média

Et dans une maison neuve ?

Les constructions neuves offrent un confort optimal à leurs occupants, mais il leur manque, a priori, le charme des vieilles maisons... Un charme apporté, le plus souvent, par des imperfections ou les cicatrices dues au temps qui passe ! La plupart du temps, on choisit d'apporter un certain "cachet" à une maison neuve par le mobilier, les rideaux... Il est indéniable que la majesté d'un buffet rustique trônant dans une pièce d'architecture moderne ne laisse personne indifférent.

On pense moins souvent à intégrer à la construction elle-même des éléments plus anciens. C'était pourtant une méthode largement répandue jadis. Par exemple, les pierres taillées encadrant les ouvertures provenaient souvent des ruines d'un château à proximité. Les constructeurs des maisons n'agissaient pas ainsi par souci esthétique, mais simplement parce qu'il était beaucoup plus pratique et économique d'utiliser les ressources disponibles sur place. Les ruines en faisaient partie. Eh oui, le patrimoine bâti d'aujourd'hui est issu, du moins en partie, d'un autre patrimoine, plus ancien...

Sans nuire à la sécurité et à la fonctionnalité d'une maison neuve, on peut, aujourd'hui encore, utiliser des éléments de récupération pour apporter, à peu de frais, une certaine patine à son intérieur. Pourquoi ne pas chercher d'anciennes portes ? À l'intérieur d'une maison moderne, des menuiseries anciennes deviendront de véritables objets d'ornement. Des briques et pierres de récupération pourront être parsemées dans les murs, et donner l'illusion d'une mâçonnerie séculaire. Il est même possible de trouver des cheminées anciennes, en pierre ou en galets, qu'on pourra remonter dans un salon contemporain. Le seul danger réside dans le risque de céder à l'envie d'en faire trop... Quelques éléments judicieusement choisis seront mis en valeur dans une architecture contemporaine, alors que l'accumulation risque d'aboutir à une "reconstitution" qui ne sera pas crédible. Mais seule compte la satisfaction des occupants de la maison, qui ne doivent écouter que leurs propres envies... et qui peuvent demander conseil à un décorateur.

Dans cette maison rénovée, des briques ont été laissées apparentes, ainsi que les poutres. Les matériaux trop abîmés ont été dissimulés par des lambris et un enduit. Crédit photo : Couleur Média

Enfin, il reste possible de recourir à des éléments factices qui, s’ils sont de bonne qualité, donnent parfaitement l’illusion d’avoir traversé les âges. Fausses poutres, pierres et briques de parement, utilisées judicieusement, peuvent rendre de grands services, tant dans une construction neuve que dans le cadre d’une rénovation.

Une fois achevés les travaux intérieurs, dans une borde authentique, une ancienne maison de village ou dans une maison neuve, vient le temps de s'installer, de vivre enfin dans ce qui a longtemps été un rêve, puis un projet, puis un chantier... Meubler et habiller la maison, la parsemer des multiples objets qui accompagnent une vie ou achetés parce qu'on possède enfin l'écrin digne de les recevoir, décorer, aménager, changer d'avis et s'asseoir enfin pour savourer le résultat : il reste encore beaucoup de travail, mais c'est si agréable...

Dominique Bardel

Voici un exemple de création d'un pilier dans le cadre d'une réhabilitation : son aspect final ne laisse pas deviner qu'il contient des matériaux modernes ! Crédit photo : R. ARNAUD